Les vignes de la vallée de la Loue ont quelques siècles d’histoires mouvementées.

Il faut retenir qu’à l’époque romaine, les premiers plants de vignes ont été importés.

Plus de mille hectares ont couvert les versants de cette vallée de Mouthier-Haute-Pierre à Ornans. Les particularités économiques et la topographie des lieux ont privilégié la viticulture par la pente des flancs ne pouvant accueillir que des troupeaux de caprins ou d’ovins. Encore moins de cultures céréalières dépendantes à cette époque d’une mécanisation basique (cheval/charrue) impossible avec trente-cinq pour cent de pente (35 mètres de pente pour 100 mètres de distance).

Un virage industriel a permis aux habitants de conforter leurs revenus par la construction de barrages et de martinets destinés à la transformation du métal à froid. Des milliers de tonnes de clous aux divers usages sont sortis des usines de la vallée en direction des pays du monde entier. Des chaudronneries réputées pour leurs pompes à bras à usage domestique ou destinées aux sapeurs-pompiers ont été reconnues pour leur qualité. Signalons une spécialité de fabrication des « vis d’Archimède de Vuillafans » toujours fabriquées mais ailleurs. Toutes ces industries utilisaient la Loue comme source d’énergie et l’avènement de l’électricité allait permettre de délocaliser (déjà !) les lieux de production vers des contrées plus importantes et plus accessibles. Ce passé métallurgique persiste de nos jours avec Alstom pour la fabrication, la recherche et le développement des moteurs destinés aux métros, TGV et locomotrices plus courantes, avec Rivex ITW équipementier automobile, Soudatol spécialiste en tôlerie fine de haut niveau ; ces entreprises sont les fleurons de l’industrie de pointe dans leurs domaines.

L’arrivée du chemin de fer pour transporter toutes ces productions a apporté les vins du midi et une concurrence farouche en termes de quantité et de typicité avec un prix de revient plus que modeste et a donné le coup de grâce aux multiples producteurs viticoles dépendants des rigueurs météorologiques parfois cruelles de notre région.

En mille neuf cent cinquante les vignes avaient pratiquement disparu en tant que production commercialisée. Mis à part quelques particuliers l’abandon fût général. Le chemin de fer, l’industrialisation, le phylloxéra avait mis à bas la viticulture.

Les derniers vendangeurs de l’époque se sont jurés de faire revivre les vignes à Vuillafans. Ils ont fondé l’association RURANIM, planté près de sept hectares financés par environs mille six cents souscripteurs pour acquérir, planter et récolter le précieux vin de Vuillafans. Ce fut un succès. Mais les pionniers ont pris de l’âge, l’entente du départ s’est érodée, le vigneron a repris l’affaire à son compte avec des catastrophes dûes au gel, aux maladies, le conduisant à l’arrêt de l’exploitation.

Aujourd’hui un trio de jeunes entrepreneurs est sur le point de réussir à gagner le pari de la renaissance.

La remise en ordre des cépages Chardonnet, Pinot noir, Trousseau, Gamay arrive en 2018 à nous faire espérer une récolte digne de ce nom. Encore quelques mois après les vendanges et nous serons en mesure de déguster une vinification élaborée par deux professionnels issus l’un de l’école de Beaune et Meursault et le second de l’école de Riquewihr. Gages de qualité…..

La récolte de 2017 a produit seulement sept cents bouteilles destinées à la dégustation, les premiers avis autorisés sont élogieux. Patience, nous soutenons ces challengers audacieux.

A bientôt pour d’autres informations sur les courageux viticulteurs de Vuillafans avec un verre à la main et un carton de 12 bouteilles sous le bras.